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Où atterrir ? est une expérimentation artistique, scientifique et politique

qui propose a des citoyen·nes, des agent·es de la fonction publique et des élu·es de mener l'enquête sur leur terrain de vie à partir de leurs attachements : ce à quoi ils tiennent et qui les fait tenir.

Carnet d'atterrissage

Le Collectif Rivage, créé à Bordeaux en 2020, réunit des artistes et des scientifiques.

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Carnet d'atterrissage

A la manière d'un carnet de bord, l'équipe du Collectif Rivage a documenté le bourgeonnement de l'expérimentation "Où atterrir ?" entre 2021 et 2023.

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Atelier 3

Renouveler la gamme des affects

Où atterrir ? est une expérimentation artistique, scientifique et politique

qui propose a des citoyen·nes, des agent·es de la fonction publique et des élu·es de mener l'enquête sur leur terrain de vie à partir de leurs attachements : ce à quoi ils tiennent et qui les fait tenir.

La démarche associe les pratiques artistiques et cartographiques aux méthodes d'enquêtes pour redéfinir le territoire à partir des dépendances et revitaliser le cercle politique dans un contexte de mutation climatique.

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1 — accueil convivial des participant.es 

> 15 min avec toute l’équipe

 

Autour d’une boisson avec des biscuits ou des fruits pendant lequel on échange et on se met à l’aise avant de commencer l’atelier.

 

2 — cercle des prénoms

> 3 min animé par Maëliss Le Bricon

 

+ Une première personne sonorise son prénom avec un geste.

 

+ Tout le monde reprend, en même temps et le plus précisément possible, le geste et le prénom de la première personne.

 

+ On recommence pour chacun.e jusqu’à boucler le cercle des prénoms.

 

3 — présentation du programme de l’atelier

> 5 min animé par Maëliss Le Bricon

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On retire nos chaussures, on laisse toutes nos affaires au bord du plateau et on vient s’asseoir sur les chaises en cercle autour de la boussole tracée au sol. Les membres de l’équipe et les participant.es sont mélangé.es.

 

Nous allons poursuivre l’expérimentation en explorant notre gamme de sensations et d'émotions, et nous mettre en quête de nouveaux affects ajustés à la nouvelle matérialité : celle du Nouveaux régime climatique. 

 

+ Cette nouvelle situation implique de nouveaux affects qui ne correspondent plus aux habitudes politiques héritées du 20ème siècle qui s'expriment sous forme de plaintes et d’indignation. Aujourd’hui le Nouveau régime climatique bouleverse nos manières de faire de la politique et exige que nous élargissions notre gamme d’affects pour ressentir les nouvelles dépendances liées au système d’engendrement dans lequel nous sommes impliqués.

 

 

+ Nous allons d’abord mener un travail sur les émotions qui va permettre de contourner les passions tristes, trop souvent associées à la politique et au découragement devant l’impuissance que suscitent les questions écologiques. L’idée est de pouvoir rendre explicite les émotions pour que chacun.e en ressente les effets et puisse les mobiliser au besoin, de façon ajustée à la situation. 

Pour cela, nous allons nous appuyer sur des exercices qui brisent l’évidence des passions tristes pour articuler autrement nos émotions.

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“Nous étions en effet convaincus depuis longtemps que le déficit de politique que la réponse aux gilets jaunes révélait si froidement, était dû à une difficulté de sensibilité, ou même d’esthétique. En effet, j’avais exploré depuis dix ans, avec Frédérique [Aït-Touati] et Chloé [Latour], à quel point nous manquions tous d’outillage pour absorber la mutation climatique. Il n’y avait pas que le problème du manque de connaissance, il y avait un déficit de sensations. Le désespoir, l’atonie, la paralysie qui faisaient traîner tous les dossiers écologiques, aussi bien au Parlement, dans les Ministères, dans les entreprises, comme dans les consciences de tout un chacun.e venaient d’une absence d’affects ajustés au Nouveau Régime Climatique. (...) À chaque époque, on appelle « état de la politique », un certain type d’émotions, de capacités d’expression, de réflexes, d’affects, et un certain type d’objets, de problèmes, d’affaires auxquels on sait à peu près réagir et, en gros, comment les résoudre. Quand on change d’époque, quand de nouveaux objets viennent impacter la vie publique, c’est alors qu’on se trouve démuni : on n’a pas les bonnes émotions, les bons affects, on ne sait pas comment les aborder — et encore moins résoudre les problèmes qu’ils posent. Et ce qui nous tombe dessus, aujourd’hui comme nouveau problème, donne à l’épisode des cahiers de doléance, la dimension d’un simple échauffement : l’état de la politique, aujourd’hui, est infiniment plus délabré qu’en 1789.” 

 

Bruno Latour

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INVENTER DE NOUVEAUX AFFECTS POUR RESSENTIR DE NOUVELLES DÉPENDANCES - point dogmatique de Bruno Latour

“ Il se trouve que les habitudes politiques héritées du 20ème siècle jouent sur une gamme d'émotion stéréotypée, l'indignation essentiellement, qui ne permettent pas de se décrire mais seulement de s'adresser à une autorité qui « aurait dû agir et ne l'a pas fait », ce qui met les gens en situation de « plaintes ». Par conséquent, ouvrir la gamme des émotions, c'est, in fine, ouvrir les possibilités d'articulation politique figées par l'époque précédente.”

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4 — réveil du corps et de l’espace

10 min animé par Valérie Philippin / Séverine Lefèvre

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On s’étire pour commencer, on baille, on réveille le corps et on se met

doucement en mouvement. Puis on marche dans l’espace tou.tes ensemble. 

 

+ On explore différentes façons de nous déplacer : 

 

  • On avance, on tourne en avant, en arrière et sur le côté. On imagine que nos plantes de pieds sont des paumes de mains. Et avec nos paumes de pieds, on explore différentes façons de toucher le sol, d’en évaluer la résistance, le caresser, tout en marchant, l’effleurer peut-être, frotter, frapper, sautiller pour voir ce que ça fait à nos paumes de pieds. Est-ce que je sautille sur la pointe des pieds, ou en utilisant toute la surface de mes paumes de pieds ?

  • On continue à circuler dans l’espace, en imaginant que l’on marche sur du sable humide, sur de la terre meuble. Quelle trace laisseraient mes pieds ? On goûte à la façon dont nos pieds peuvent s’enfoncer dans le sol, de différentes façons, avec plus ou moins de pression. L’idée c’est vraiment d’aider les sensations, toujours en imaginant que les paumes de pieds sont égales aux paumes de mains. Et avec la même sensibilité, on évalue et on goûte la résistance, la texture, la matière et la température. 

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+ On continue de se déplacer dans l’espace tout en ouvrant le regard périphérique qu’on a déjà mobilisé pendant le premier atelier. Le regard périphérique, c’est quand on ouvre le regard et qu’on peut percevoir tout ce que l’espace nous propose. Au lieu de zoomer et d’aller regarder un point, on ouvre en grand focale. On se déplace en avant et en arrière, en ayant conscience de tout l’espace visuel.

 

  • Par exemple, on pose notre attention sur ce qu'il se passe au plafond : qu’est-ce que je peux percevoir des détails du plafond ? Sans le regarder directement, sans aller zoomer.

  • On repère les variations de lumières : du jour, des projecteurs, des plafonniers. 

  • On s’intéresse aux volumes, aux surfaces, aux textures et aux couleurs. 

 

+ Et maintenant, en continuant la marche, on goûte simplement la chorégraphie des mouvements, et on s'inscrit dans cette chorégraphie, avec nos propres mouvements, ce qui vous vient spontanément. 

 

  • On est simplement connecté.e avec la façon dont tout bouge autour de nous, dont tout se chorégraphie. On s’inscrit dedans, on joue avec elle, de près, de loin, depuis l'extérieur, l’intérieur, à reculons, dans tout l’espace qui s’ouvre à nous, en faisant confiance aux autres, qui sont aussi en train de percevoir la totalité des mouvements. Chacun.e est conscient.e de tout ce qu’il se passe. Comment l’espace s’organise entre nous : les vitesses, les hauteurs, et les rythmes rapides et lents.

 

+ Et maintenant, on ouvre grand nos oreilles et on écoute comment on compose du son avec nos déplacements. Pendant ce moment d’écoute, personne ne parle.

 

+ Tout doucement, tranquillement, on va revenir dans le cercle. Chacun.e.va trouver sa place en cercle.

Extrait du rapport d'activité du projet-pilote mené par le Consortium "Où atterrir ?" dirigé par Bruno Latour en 2019-2021. 

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Dessin de Marion Albert.

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5 — souffle et geste-son 

> 10 min animé par Valérie Philippin / Séverine Lefèvre

 

+ On inspire d’abord par le nez ou par la bouche, comme on préfère. L’idée, c’est qu’à chaque fois que l’on inspire, on a l’impression de remplir le corps, comme si c’était un gros ballon, un gros ballon de fête foraine. 

 

  • Quand on expire, on continue de se remplir. Il n’y a que des portes grandes ouvertes dans le corps qui laissent entrer l’air, comme le personnage de bibendum. 

  • On allonge le temps d’expiration et on reste un temps debout, on ferme les yeux, et on goûte ce que ça fait d’être devenu un gros ballon plein d’air. Comme on s’est rempli d’air mais aussi d’énergie, peut-être qu’on sent des picotements au bout des doigts, au bout des pieds, dans tout le corps. On rouvre les yeux.

  • On inspire pour ensuite passer un souffle à notre voisin.e. Chacun.e reçoit le souffle de son/sa voisin.e, le passe au/à la suivant.e, et ainsi de suite : on fait le tour du cercle. A la fin du cercle, l’artiste-médiatrice récupère le geste-souffle, et l’envoie au centre du cercle.

 

+ On refait un tour pour écouter les différentes qualités sonores, les intensités, les durées, les matières.

 

+ On fait la même chose avec du son, une forme sonore, celle qui nous vient.

Ce qui est intéressant, c’est de faire le lien entre le fait que quand je chante ou quand je fais une forme sonore, quand je parle, quand je fais du son avec ma voix, c’est toujours de l’air que je transforme en son. On prend le temps d’inspirer, et on fait un geste-son qui va faire le tour du cercle.

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COMPTER SUR L’ARTIFICIEL POUR SORTIR DU ‘NATUREL’ = HABITUEL - point dogmatique de Bruno Latour 

“ L’art, l’artifice introduit la distance qui va donc permettre de reprendre autrement les éléments du répertoire classique mais dorénavant scénarisés et donc à nouveau jouables. C’est en ce sens que les ateliers ne sont pas un échauffement ou un divertissement, mais constituent le fond de l’affaire puisque des agents dynamisés par ces exercices peuvent sortir du réalisme et se mettent à imaginer d’autres arrangements avec les valeurs, les opinions et les sujets de controverse, les concernements autour duquel ils commencent à s’orienter. C’est ce qu’on veut dire par les mettre sous pression. 

Évidemment, dans l’expression spontanée, « authentique » ils ont le sentiment de pression, l’indignation, par exemple, ou la fureur ou l’effroi. Mais c’est ce réalisme spontané qui peut être inauthentique et qui empêche de savoir où l’on se trouve.. Il ne reste que le sentiment vide, hors sol, hors sujet, hors objet. Forcément, c’est l’ersatz de politique authentique mais sans contenu à auquel s’affronter. C’est sur ce point précis sur lequel l’artifice des arts vient peser pour faire diverger le regard vers le bas... partir des soucis, des choses, des enjeux et inventer les affects, les attitudes, les modes d’action qui conviennent. Ce que Jean Pierre et Chloé restituent par les ateliers à l’expression politique, c’est quelque chose de l’ordre de l’art oratoire et du rituel d’expression qui, anthropologiquement, a toujours été le centre de l’élocution publique (ce qui ne veut pas dire l’élégance, mais qui a à voir avec l’artifice nécessaire à l’expression, de même que la boussole tracée sur le sol est essentielle au positionnement des corps dans l’espace et dans le groupe). Tout l’effort de notre projet est de restituer couche après couche à l’expression politique ce que le terrible vingtième siècle a arasé, vidé, détruit, simplifié, et qui a laissé les citoyens aussi bien que les administrateurs muets et sourds, pantelants et au sens littéral: inexpressifs.”

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6 — langage imaginaire

> 10 min animé par Valérie Philippin / Maëliss Le Bricon 

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+ On se lance, sans réfléchir, dans une conversation en langage imaginaire. On part d’un trio parlé, qui va ensuite évoluer vers un trio chanté, vers une composition sonore : de là où on est, avec ce qu’on est, ce qui nous vient.

L’artiste-médiatrice lance le langage imaginaire avec un premier groupe, ainsi de suite. Celles/Ceux qui écoutent peuvent fermer les yeux pour mieux entendre. 

 

Notes : On va faire entrer des compositions phonétiques (voyelle et consonnes) et intonatives (mélodiques) dans notre vocabulaire avec des langages imaginaires. On remarque que tous les composants de la musique sont dans le langage ; rythmes et vitesses, (durée), hauteurs, contrastes d’intensité, contrastes de timbres (montrer une improvisation parlée chantée en amplifiant la musicalité par des sons tenus et de grands contrastes de hauteurs).

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7 — écho dans la montagne

> 5 min animé par Valérie Philippin / Maëliss Le Bricon

 

+ L’artiste-médiatrice joue le rôle de la bergère et se place face à un demi-groupe de participant.es, comme si elle était face à une montagne. Elle propose une forme vocale improvisée courte (avec peu d’éléments différents) et le demi-groupe répond en écho, deux fois ou trois fois. Elle propose de grands contrastes entre chaque proposition. Pendant ce temps, l’autre demi-groupe écoute en face, les yeux fermés. 

 

+ Puis on alterne les groupes, la bergère se retourne et propose une forme vocale à l’autre demi-groupe. On alterne action et écoute, deux ou trois fois avec chaque groupe.

 

+ Si on a le temps, on propose à qui veut faire le berger ou la bergère.

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Souffle et geste-son créé par Territoire de la Voix (Valérie Philippin).

Extrait du rapport d'activité du projet-pilote mené par le Consortium "Où atterrir ?" dirigé par Bruno Latour en 2019-2021. 

Langage imaginaire créé par Territoire de la Voix (Valérie Philippin).

Echo dans la montagne créé par Territoire de la Voix (Valérie Philippin).

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TOUJOURS PASSER PAR UNE FORME, CONTRE LE SPONTANÉ – point dogmatique de Bruno Latour 
“ On pourrait presque dire que, si on n’y met pas les formes, il n’y a pas d’expression politique possible. D’où l’importance, dans le consortium, de toujours donner une forme, même quand on doit se présenter, faire un débriefing, se déplacer dans la salle, manger en commun. L’informel, comme le naturel, le spontané, le direct, a détruit l’expression politique. Il en est de même du psychologisme, « moi je pense que et je veux m’exprimer » et je veux m’exprimer sans style, directement, avec mes tripes, sans fioriture, sans expression justement. S’exprimer sans expression, c’est le contraire de la politique, ou plutôt c’est ce qu’est devenue la politique une fois perdue l’élocution et la rhétorique.”

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8 — sonosphère

> 5 min animé par Loïc Chabrier

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+ On garde cette attention tant sur l’écoute que sur notre capacité à vocaliser. On marche dans l’espace en gardant une attention sur les sons que nous produisons avec nos marches, puis on s’arrête à un endroit de notre choix.

 

  • Depuis cet endroit, on met notre attention sur les sons que produisent notre corps, notre souffle, notre respiration. On peut fermer les yeux si on veut. On va ensuite étendre cette écoute aux sons produits dans la salle. Puis on va essayer de capter les sons qui sont en dehors de cette salle.

 

  • A partir des sons qu’on arrive à capter, on en choisit un qui nous intéresse. Chacun.e choisit un son, et lui répond par un autre son. C’est parti, on commence la sonosphère ensemble.

 

  • Enfin, la sonosphère trouve sa résolution toute seule.

 

+ Si on veut poursuivre le protocole : 

 

  • On prend une autre place dans l’espace en quête d’un autre paysage sonore. 

 

  • On suspend la marche, et on capte un autre son qu’on n’a pas encore entendu. Ça peut être un son dans la salle ou en dehors de la salle. 

 

  • Quand on est prêt.e, on peut créer une nouvelle sonosphère collective.

 

+ On ouvre les yeux et on garde cette acuité car on va en avoir besoin pour la suite.

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9 — cartographie du paysage sonore

> 10 min animé par Maëliss Le Bricon

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On prend de quoi noter et on marche dans l'espace, toujours guidé.e par l’écoute.

 

+ On choisit un endroit dans la salle, et cette fois-ci chacun.e cartographie le paysage sonore qu’il/elle reçoit, qu’il/elle arrive à capter de là où il/elle est, à sa manière, pendant 3-4 min.

 

+ On suspend l’écriture et on partage nos cartographies au centre du petit cercle de la boussole où on dispose nos notes (en mode “feu de camps”). On observe les différentes manières d’annoter et les traductions possibles de chacun.e. On repère aussi des sons qui coïncident.

 

  • Est-ce que vous avez senti des différences entre le début et la fin de l’écoute ?

  • Est-ce que vous avez entendu plus ou moins de sons, des différences de volumes, des sons qui reviennent ?

  • Comment les avez-vous cartographiés ?

Extrait du rapport d'activité du projet-pilote mené par le Consortium "Où atterrir ?" dirigé par Bruno Latour en 2019-2021. 

Sonosphère, créé par S-Composition - Consortium Où atterrir ? dirigé par BRuno Latour en 2019-2021 et adapté par le Collectif Rivage en 2021-2023 - Créative Communs - Licence 4 CC BY-NC-SA

Carte sonore, créé par S-Composition - consortium Où atterrir ? dirigé par Bruno Latour en 2019-2021 - Créative Communs - Licence 4 CC BY-NC-SA

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10 — introduction à la zone critique avec Lynn Margulis

> 20 min animé par Maëliss Le Bricon 

 

Bernie Krause est un bioacousticien qui enregistre des paysages sonores depuis 1960. Il cherche, en tant que musicien et compositeur, à saisir comment les animaux communiquent et partagent ce qu’il appelle “le temps de parole”, c'est-à-dire, comment ils composent avec ce qui les entoure ? Comment ils créent de l’accord ? Comment s'agencent-ils les uns avec les autres ? Ou pour le dire autrement : comment est-ce qu'ils s’accordent ensemble ?

 

+ Chacun.e s’installe dans une position d’écoute et ferme les yeux : Territoire n°1 : KM41 Amazon dans Le Grand Orchestre des Animaux | Les territoires de Bernie Krause (soundcloud.com)

 

+ Après l’écoute, on se demande : “Est-ce qu’on a une idée du lieu ? Du moment de la journée ? Est-ce qu’on a reconnu certains animaux ? Si oui, lesquels ?” 

 

+ On découvre les sonogrammes dans le livre du Grand Orchestre des Animaux avec les différentes niches sonores.

 

“Un oiseau, un insecte ou un batracien chante d’abord, puis, quand il s’est tu, viens le tour des autres”. Ce que Bernie Krause nomme “partage du temps de parole” est rendu particulièrement lisible, pour nous, sur les sonogrammes sous la forme d’un ensemble dont on distingue clairement la succession de créneaux : chaque participant - oiseau, batracien, insecte et mammifère - occupe une niche sonore, spatiale, temporelle et fréquentielle. Et cet agencement créateur raconte une histoire.”

 

Vinciane Despret

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Nous cherchons d’autres modes d’attention pour retrouver des formes d’expression et d’écoute qui nous rendent sensibles à la multiplicité des manières d’êtres qui composent notre terrain de vie. Ces exercices d’écoute cultivent notre curiosité pour d’autres intérêts et nous placent dans une position d’attention. L’idée est de mobiliser ces états de présence et de disponibilité pour se rendre sensible et échapper à la sidération qui paralyse l’action. La philosophe Vinciane Despret poursuit cette quête de la composition sonore des oiseaux sur la notion de silence qui importe dans leur communication :

 

“Le bioacousticien Thierry Aubin m’a raconté, il y a quelque temps de cela, que pendant des années il a étudié le chant de l’alouette des champs pour essayer de comprendre ce qui, dans celui-ci, codait de l’information destinée au congénères. Il avait donc enregistré des alouettes et il a, comme on le fait lorsqu’on étudie le chant des oiseaux avec ce type de question, repassé ces chants aux voisins et voisines de l’alouette qui avait chanté. Pour savoir ce qui était réellement significatif dans ce chant, il a commencé à faire varier les séquences enregistrées. Si la réponse des voisins et voisines s’avérait différente en fonction de l’une ou l’autre de ces variations, cela signifierait que ce qui avait fait l’objet d’une modification était donc important et contenait une des significations du chant. Il a donc modifié les fréquences. Rien ne s'est passé. Puis l’intensité. A nouveau, rien ne s’est passé. Et la puissance. Et le rythme. Et la hauteur. Rien ne changeait. Les voisins et les voisines de l’alouette répondaient toujours de la même manière. Pendant dix ans, les scientifiques ont œuvré.

Puis, un jour, le bioacousticien a modifié le silence qui espaçait les séquences et les notes. Et là, les alouettes ont répondu tout autrement. Ainsi, raconte Thierry Aubin, il nous a fallu dix ans, dix ans pour comprendre que ce qui importait dans le chant de l’alouette des champs, c’était le silence.”

 

Pendant le projet-pilote, Chantal Latour a proposé un paysage sonore avec une mise en récit de son enquête sur le silence. Nous aimerions poursuivre cette recherche avec celles et ceux qui le souhaitent. Si cette forme de mise en partage vous intéresse, vous pouvez commencer à collecter des sons qui caractérisent votre enquête : comment sonne mon terrain de vie ? Quels sont les sons qui le composent ? 

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11 — rendre audible ce qui importe

> 10 min animé par Maëliss Le Bricon

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Vinciane Despret raconte dans son ouvrage Habiter en oiseau sa rencontre avec un merle qui l’a réveillée un matin. Elle fait le récit de ce merle qui avait une telle présence sur la scène sonore qu’elle n’a pas pu se rendormir. Elle était absolument captée par toute la nécessité que le merle investissait dans son chant. 

 

“Quelque chose importe, plus que tout, et plus rien d’autre n’importe si ce n’est le fait de chanter. L’importance s’était inventée dans un chant de merle, elle le traversait, le transportait, l’envoyait au plus loin, à d’autres, à l’autre merle là-bas, à mon corps tendu pour l’entendre, aux confins où le portrait sa puissance.”

 

De la même manière, le processus d’enquête nous reterritorialise car il nous permet d’identifier et de ressentir à nouveau ce qui importe par le lent travail d’auto-description. En ce sens, nous cherchons à renouveler les formes de représentation des terrains de vie, nouvellement composés par l’enquête, pour être à nouveau en capacité de sentir ce qui importe et qui est en train de disparaître. L’auto-description permet de reprendre les séries d’attachements et de dépendances auxquel.les nous tenons et qui nous font tenir. A partir des enquêtes, nous cherchons à rendre audible, à vocaliser, à faire sonner ce qui importe : ce par quoi nous nous sentons concerné.es.

 

« Nous proposons de nommer « territoire » ou « terrain de vie » cette explicitation des conditions matérielles d’existence qu’appelle le nouveau régime climatique. Et la « description de ces territoires » est cette tâche d’exploration indispensable qui précède, à nos yeux, toute reprise de vie publique.

Le mot « territoire » ne renvoie pas ici à un espace administratif ou géographique : il est défini par la somme des appartenances et en opposition avec la communauté imaginaire recueillie dans la question de l’identité. « Dites-moi ce qui vous permet de subsister, ce que vous pouvez représenter, ce que vous êtes prêt à entretenir et à défendre, je vous dirai quel est votre territoire. »

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12 — counting

> 5 min animé par Maëliss Le Bricon

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+ Chaque participant.e dit un numéro à haute voix jusqu’à ce que tout le monde ait parlé une fois (s’il y a 10 personnes, on compte jusqu’à 10). On compte dans l’ordre croissant avec comme règle du jeu de ne jamais parler en même temps. Si cela arrive, on reprend le décompte à zéro. 

 

+ On reprend l’exercice avec les concernements de chacun.e.

 

Collecte des concernements : 

 

Gagner ma vie sans faire de dommages - La communication non-violente - Communication vraie - Transformer collectivement la maison du 231 - Des rencontres humaines - Ma santé mentale - Mon indépendance vis-à-vis de ma famille : mon père, ma mère, mon frère, ma soeur, mon beau-frère - Une nourriture gratuite et saine pour tout-un-chacun.e dans la confiance et ce à moins de 300 mètres de son lieu de vie ou d’activité, en milieu urbain à Bordeaux - Communication authentique, efficace, avec plein de dialogue - Mon job - Des loisirs sociables à proximité de chez moi - La considération de la création artistique sur la métropole bordelaise - La relation au(x) vivant(s) dans mon quartier - Des relations vivantes et chaleureuses entre les gens - La sincérité dans mon métier d’architecte - La liberté de circuler, de s’exprimer, et de ne pas contrôler les autres - La possibilité d’avoir un corps libre et vivant en mouvement - La reconnaissance de ce qui est invisible - Du temps de qualité pour créer, penser, imaginer - Le respect de la personne chez celles et ceux qui ont de l’endométriose - Fraternité - Le temps- Ville à la campagne - Interrogation - Démocratie - Nature - Interdépendance - La pratique du soin magnétique - Habiter ensemble - Ma liberté de vivre déconnectée et de naviguer en confiance - La protection du jardin - L’expression de ma joie - Écouter mon utérus - Accéder à l’information sur l’eau potable et avoir une capacité d’agir sur sa gestion - Être moi-même en confiance

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13 — pause 

> 10 min

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14 — cartographie de la boussole

> 45 min animé par Maëliss Le Bricon et Loïc Chabrier

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La règle d’or à laquelle on se tient en atelier et jusqu’à la fin de l’expérimentation : On ne donne jamais son opinion, on ne discute pas, on ne commente pas, on ne rebondit pas.

 

+ Chacun.e remplit avec des post-its et positionne les entités qui peuplent son terrain de vie sur le bas de sa boussole (qui correspondent à la situation actuelle) :

 

  • le concernement : au centre 

  • les entités qui maintiennent le concernement : en bas à droite 

  • les entités qui menacent le concernement : en bas à gauche

 

+ On ajuste la position de chaque entité, en fonction de son action et de son degré d’intensité (faible menace, maintient important…). Plus l'intensité est élevée, plus l’entité se trouve proche de la ligne horizontale de la boussole.

 

+ Enfin, on positionne chaque entité en fonction du degré de proximité que l’on entretient avec elles, c’est-à-dire si elles sont ou non à ma portée. Si je peux les contacter ou échanger avec elle autour d’un café, elles se trouvent dans le cercle intérieur. Si ce n’est pas le cas, les entités sont hors de portées et se situent dans le cercle extérieur.

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Sortir de l’indignation impuissante et des passions triste - Bruno Latour

“Exprimer une opinion, avec peut-être conviction, mais qui n'entraîne aucun effet. (...) c’est la frustration d'exprimer des opinions, peut-être en s’indignant, en disant “c’est scandaleux”, sans effet. C’est l'état de perte politique terrible. C’est une passion triste. L’indignation impuissante.

 “Je voudrais qu’on arrête la déforestation”. Je n’ai pas fait d’enquête,

 je ne sais pas combien de gens sont d’accord avec moi, je ne me suis pas confronté aux opposants, mais je crois sincèrement, fortement en ce que je fais, mais je ne peux rien faire. Je suis indigné, et impuissant.”

 

 Ce qui oblige à passer à la description - Bruno Latour

“Il s’agit de commencer à sortir de la situation de l’indignation impuissante. Si on commence, même un tout petit bout de cette opération, on a réussi notre affaire. Sortir de l’impuissance et de l’indignation. Parce que pour le moment, ces sujets nous paraissent très compliqués, mais ils sont aussi ceux qui nous sont vitaux ! Donc la question c’est de sortir de l’opinion, qui n’a pas d’accroche avec une description. Il y a quelque chose de fatiguant dans la description, c’est qu’il faut la recommencer.”

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15 — pause déjeuner

> 1h30

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15 — l’ancrage

40 min animé par Séverine Lefèvre

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L’ANCRAGE SOLO

 

+ On se place en cercle et chacun.e imagine qu’il y a devant soi un petit bassin d’eau chaude, comme la résurgence d’une source d’eau chaude. 

 

+ On décide d’aller mettre nos pieds dans cette eau chaude, on fait un pas en avant pour entrer dans le bassin. On profite de la sensation de cette chaleur qui nous parvient depuis le sol, de cette sensation agréable, de ce contact avec la source.

 

+ Tout doucement, on commence à sentir que l’eau monte progressivement en température. L’eau ne nous brûle pas mais on sent que ça chauffe, de plus en plus, que des petites bulles commencent à se former, un début de frémissement de l’eau, comme de l’eau dans une casserole. Et on se laisse agir par ces petites bulles, on les sent monter à l’intérieur de nos jambes, depuis le sol.

 

+ Les jambes commencent à trembler, à frémir. Puis la température augmente encore, l’eau entre en ébullition. Et les tremblements montent dans le corps, on se laisse bouillir. Tout notre corps est mis en mouvement par ces gros bouillons qui montent depuis le sol. Tout le corps se met à être tremblé, ou plutôt se laisse être tremblé, agité, activé par cette eau en ébullition. On peut s’imaginer comme des œufs durs en train de cuire dans une casserole d’eau bouillante. 

 

+ On joue avec la gradation et la gamme de température : la température de l’eau redescend un peu, et nos corps reviennent à un frémissement plus léger. Puis gros bouillons à nouveau. 

 

+ Enfin, l’eau redevient tiède et on profite de ce calme qui revient, du dépôt et du relâchement progressifs qui se font dans nos corps (jusque dans nos cellules qui ont été bien agitées!). On respire. 

 

+ Sous nos pieds, la bassine d’eau chaude fume. De grosses volutes de vapeur montent depuis la source, et soulèvent nos mains, nos bras, peut-être même nos jambes, nos talons : la vapeur montante nous soulève, on se laisse être soulevé·e. Des mouvements apparaissent : on les laisse arriver, on les laisse passer, on les laisse s’évaporer à travers nous. Et à chaque fois qu’une bouffée de vapeur est passée, une autre arrive, toujours par en-dessous. La vapeur nous fait danser / on se laisse être dansé·e par la vapeur.

 

+ Puis, tout se calme, disparition progressive de la vapeur et des mouvements qu’elle produit. On sort du bassin avec un pas en arrière. On profite quelques secondes de notre poids retrouvé, de la sensation nouvelle de nos corps, de notre ancrage activé dans le bas du corps, et d’une sorte de légèreté dans le haut du corps.

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L’ANCRAGE EN BINÔME

 

+ On se place en binôme dans l’espace. La première personne est debout, le poids bien réparti sur ses deux pieds. L’autre personne se met derrière elle et positionne ses mains sur les hanches de la première personne, sur les ailes iliaques, en appliquant une pression dirigée vers le bas, vers le sol, pour lester son bassin. Tout en maintenant cette pression vers le bas, la personne lestée se met à marcher dans l’espace, expérimente cette marche lestée, et sent le poids différent qui arrive dans ses pieds. Puis, au bout de quelques secondes, la personne à l’arrière relâche la pression et laisse l’autre marcher seule. Est-ce que vous sentez une différence? Quelles sensations percevez-vous? 

 

+ On réitère l’expérience en appliquant une pression sur les épaules, toujours dirigée vers le bas. D’abord sur place, puis en marchant. Puis on laisse la personne marcher seule et observer ce que ça a changé dans son corps. Sentir la contre-direction que le corps a mis en place : sensation de gagner des centimètres, de légèreté, de flotter… 

 

+ Même protocole en appliquant une pression (dirigée vers le bas) sur le sommet du crâne, sans appuyer sur les cervicales, mais en appliquant tout de même un peu de poids. Lorsque la pression se relâche, effet “bouchon de champagne” ! 

 

+ On échange les rôles.

 

+ En restant connecté.e à ces nouvelles sensations, on reforme des nouveaux duos et on se répartit les rôles. La première personne s’ancre dans le sol. Qu’est-ce que ça veut dire s’ancrer? Élargir sa base - descendre son centre de gravité, fléchir un peu les genoux. L’autre personne tente de la désaxer, de la déraciner, de la sortir de son ancrage. Comment ? En appliquant différents types de pressions : en un point, en plusieurs points, sur une surface… Le contact n’est jamais violent ou agressif, mais il est ferme avec une intention claire. 

 

+ On observe quelles stratégies le corps met en place pour résister à ces pressions et maintenir son ancrage : on a besoin de donner du poids pour résister ? Poids contre poids. Faire contrepoids. La forme du corps se modifie pour accueillir cette pression extérieure, et pour que l’ancrage demeure. L’ancrage persiste parce qu’il y a déformation. Si on reste tout droit dressé comme un “i” et qu’on tente de résister en se raidissant, on tombe, impossible de rester ancrés dans nos appuis !

 

+ On échange les rôles.

 

L’ANCRAGE EN GROUPE

 

+ On se retrouve en cercle puis chacun.e va d’abord explorer pour soi la limite de son équilibre : jusqu’où je peux transférer mon poids avant de tomber. Où est la limite ? Si je ralentis et que j’observe de très près le moment de bascule, est-ce que je peux gagner en ancrage ?

 

+ Puis on forme des groupes de cinq personnes. D’abord, chacun.e se met sur ses pieds, le poids bien au centre. Transfert du poids vers l’avant du pied tout en gardant un axe de verticalité par le sommet du crâne : on se rend compte du degré d’inclinaison possible, de l’amplitude de bascule de l’axe tout en gardant les pieds ancrés au même endroit. Idem sur les côtés et vers l’arrière. 

 

  • Une personne se met au centre, debout, le poids bien sur ses deux pieds. Les quatre autres se répartissent autour (une devant, une derrière, une de chaque côté) et posent leurs mains sur la personne du centre au niveau de la ceinture scapulaire (épaules, haut du sternum, omoplates, haut des bras). 

 

  • Ensemble, à l’écoute, elles vont délicatement commencer à faire basculer la personne au centre de droite à gauche, d’avant en arrière, en mouvements circulaires… D’abord avec une toute petite amplitude, puis si cela est possible, de plus en plus loin dans la bascule. Les personnes autour font contrepoids pour accueillir le poids de la personne du centre, qui elle, fait le travail d’accepter de confier son poids, de faire confiance aux autres autour. Elle maintient sa verticalité et se laisse bouger par les autres, avec la possibilité de fermer les yeux. Ce sont les personnes autour qui génèrent le mouvement de bascule, à l’écoute. 

 

  • Au bout d’un petit temps, on remet soigneusement la personne sur son axe, à son endroit d’équilibre, à l’endroit où elle reprend en charge son propre poids. La laisser seule quelques secondes profiter de ce nouvel état. 

 

  • La personne ouvre les yeux et décrit ses sensations : comment on se sent ? Qu’est-ce qui est différent ? Qu’est-ce qu’on perçoit différemment ? 

 

  • Que signifie s’ancrer physiquement ? Qu’est-ce qu’on fait, dans l’expérience concrète lorsqu’on s’ancre ? Qu’est-ce qu’on observe ?

 

  • On est dans une recherche d’ancrage, comme les culbutos : on les déséquilibre, et gling, ils reviennent à l’équilibre. Comment trouver un ancrage, qui nous permette de ne pas chavirer (comme quand le bus ou le tram démarre par exemple) ? Un ancrage qui permette d’avoir une attention suffisamment fine pour sentir les variations, les grondements et les tremblements ? Comme l’araignée qui, grâce à sa toile, tisse et perçoit des vibrations lointaines, on fait l’hypothèse que la description de nos attachements, qui nous font tenir et auxquels nous tenons, nous permettra d’échapper au hors-sol. Cette attention concerne aussi nos sensations : notre ouïe, notre écoute, notre toucher et nos appuis par exemple. 

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DÉPOLITISER D’ABORD POUR REPOLITISER ENSUITE - point dogmatique de Bruno Latour 

“ Une des étrangetés du consortium, c’est que d’un côté nous devons dépolitiser pour sortir de la tradition qui a construit tous les réflexes conditionnés qui maintenant nous paralysent ; mais de l’autre, il nous faut repolitiser pour sortir de cette aspiration au consensus sympathique et mou qui paralyse les tentatives des écologistes. Et cela n’a rien à voir avec l’ancien contraste entre révolution ou réforme. L’esprit révolutionnaire doit être complètement réformé, et l’aspiration aux réformes doit être considérablement révolutionnée ! Il ne faut pas oublier que l’accent donné à la gauche et au socialisme tient au fait, purement contingent, que la révolution de 1917 se soit déroulée en pleine guerre mondiale, d’où ce bellicisme inhérent à la scénographie gauche contre droite (qui en France est surdéterminée par les « journées de barricades » et, bien sûr, 1936 et la deuxième guerre mondiale). Or, rien de cette scénographie guerrière n’est transposable dans la « lutte » pour l’habitabilité. Inversement, il y a dans les idéaux écologiques, et en particulier chez les biophiles, une sorte d’irénisme ou de quiétisme qui tente d’atténuer la violence immense des rapports d’appropriation de la terre. Il faut donc, comme toujours, se défendre sur deux fronts : donner l’occasion de sortir les gens du formatage revendicatif et pseudo guerrier ou militaire, et, inversement, sortir les gens qui s’intéressent à la défense de la nature de l’idée qu’il pourrait avancer sans une recherche d’accord avec ceux qui nous attaquent. Mais dans les deux cas la scénographie des conflits est différente de celles du 20eme siècle.”

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17 —  gammes des émotions

> 20 min animé par Loïc Chabrier

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+ On se place en cercle, et on observe notre corps se maintenir en équilibre verticalement. Il peut, comme nous l’avons vu, être chahuté par les pressions reçues, mais aussi être traversé et coloré par des émotions. Nous allons nous exercer et faire plusieurs gammes d'émotions pour mieux les repérer, les décrire et pour ensuite composer de nouveaux affects.

 

+ Nous exerçons nos gammes pour chaque émotion : la colère, la peur, la tristesse et pour finir la joie. Le protocole est le même pour chaque émotion : 

 

  • Pour commencer, l’artiste-médiateur propose un petit geste-son de l’émotion qui est ensuite repris et amplifié de manière crescendo par les participant.es sur deux tours de cercle. Pendant la gamme, le corps est de plus en plus engagé, l’émotion prend une forme de plus en plus grande. Lorsque l’émotion revient à l’artiste-médiateur, il joue aussi l’émotion en miroir, la boucle est bouclée.

 

  • Pour clôturer la gamme, au signal de l'artiste-médiateur, tout le monde propose en même temps sa sculpture de l’émotion vocalisée. Chaque sculpture est très précise, singulière, comme si on passait dans un musée, et qu’on voyait la sculpture de cette émotion : c’est une sculpture magnifique, avec énormément de détails.

 

  • Tout en tenant la position, on observe et on décrit à voix haute toutes les caractéristiques et détails de ces sculptures. Chacun.e sent et partage ses observations, “vous êtes un explorateur de vous-même” : qu’est-ce que vous avez fait pour aller vers la colère ? Quelles sont vos sensations ? Regardez les autres sculptures et décrivez-les : qu’est-ce que vous observez ?

 

  • Pour finir, on observe et on décrit ce que l’on met en place physiquement pour revenir à la position neutre et verticale de départ. 

 

  • Avec la gamme de la colère suivie de la peur, on observe la dynamique des deux émotions qui nous mobilise physiquement, tantôt en avant, tantôt en arrière, sur un axe horizontal.

 

  • Avec la gamme de la tristesse suivie de la joie, on observe à nouveau la dynamiques des deux émotions qui nous mobilisent physiquement, tantôt vers le haut, tantôt vers le bas, sur un axe cette fois-ci vertical.

 

  • Un fois qu’on est revenu à l’équilibre, on fait trembler tout le corps comme si on était à nouveau dans un bassin en ébullition, comme un œuf dans une casserole. Puis on retrouve l’immobilité, la suspension, et on repart dans l’autre sens avec une nouvelle émotion.

 

18 —  température émotionnelle

3 min animé par Maëliss Le Bricon

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+ On propose à chaque participant.e de partager sa température émotionnelle.

 

  • Chacun.e propose une sculpture émotionnelle avec un son adressé au centre.

  • Tout le monde la reprend.

  • Et on fait le tour du cercle

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19 —  pause

5 min

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20 —  sculptures vivantes

> 5 min animé par Maëliss Le Bricon

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+ Dans la continuité du protocole précédent, on marche dans l’espace. 

 

+ A mon clap, chacun.e prend instantanément la forme d’une sculpture et laisse jaillir un grommelot / langage imaginaire qui donne vie à la sculpture, sans réfléchir. On n’anticipe pas, on ne sait pas ce qu’il va arriver, on profite de chaque moment.

 

  • On sent, en fonction des sculptures, différents états d’esprits, différentes humeurs, toutes très différentes. On essaye de les maintenir et de les déployer. 

  • A mon second clap, on arrête, et on repart dans l’espace. C’est une nouvelle sculpture à chaque clap. On le fait 2-3 fois.

 

+ Au prochain clap, les sculptures se rencontrent, c'est-à-dire qu’elles s’adressent l’une à l’autre. Sans réfléchir, sans anticiper, on prend la forme d’une sculpture, et on lance le grommelot. 

 

  • On essaie de maintenir l’état d’esprit dans lequel on est, sans se laisser contaminer par l’autre sculpture. Une dynamique va se créer entre les deux sculptures.

  • Au clap, on repart dans l’espace. On le fait 2-3 fois.

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21 —  boussole des émotions 

5 min animé par Maëliss Le Bricon

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+ La boussole des émotions nous permet de visiter quatre émotions : la joie, la peur, la tristesse et la colère. Dans un premier temps, nous allons expliciter ces quatres émotions, comme des couleurs primaires, pour ensuite mieux les nuancer et les articuler.

 

  • Chacun.e se place dans le quadrant de son choix qui correspond à une des quatres émotions : la colère, la peur, la tristesse et la joie.

 

  • A mon clap, les participant.es du premier groupe qui se situent dans le cadran de la colère proposent des sculptures vivantes qui s’expriment avec le langage imaginaire. Les autres participant.es prêtent attention à la composition sonore, les yeux fermés, jusqu’à ce qu’elle trouve une fin collective.

 

  • A mon clap, les participant.es du second groupe, qui se situent dans le cadran de la peur, proposent à leur tour des sculptures vivantes qui s’expriment avec le langage imaginaire. Les autres participant.es prêtent attention à la composition sonore, les yeux fermés, jusqu’à ce qu’elle trouve une fin collective.

 

  • Ainsi de suite avec les autres groupes qui jouent la tristesse et la joie.

 

  • On prend le temps de revenir lentement à la verticalité pour défaire chaque sculpture, on observe ce qui s’est désaxé pour enfin replacer en équilibre nos volumes (tête, ceinture scapulaire, bassin) les uns au-dessus des autres.

 

  • Chaque quadrant va jouer l’un après l’autre, les autres ferment les yeux et écoutent comment sonne chaque émotion. 

Counting des concernements, créé par S-Composition- Consortium Où atterrir ? dirigé par Bruno Latour en 2019-2021 - Créative Communs - Licence 4 CC BY-NC-SA

Cartographie de la boussole, créé par Studio SOC (Société d'Objets Cartographique) - consortium Où atterrir ? dirigé par Bruno Latour en 2019-2021 - Créative Communs - Licence 4 CC BY-NC-SA

Extrait du rapport d'activité du projet-pilote mené par le Consortium "Où atterrir ?" dirigé par Bruno Latour en 2019-2021. 

L'ancrage, série de 3 protocoles créée par Séverine Lefèvre du Collectif Rivage, 2021-2023.

Extrait du rapport d'activité du projet-pilote mené par le Consortium "Où atterrir ?" dirigé par Bruno Latour en 2019-2021. 

Gammes et dynamiques des émotions, créé par S-Composition- Consortium Où atterrir ? dirigé par Bruno Latour en 2019-2021 - Créative Communs - Licence 4 CC BY-NC-SA

Température émotionnelle, créé par S-Composition- Consortium Où atterrir ? dirigé par Bruno Latour en 2019-2021 - Créative Communs - Licence 4 CC BY-NC-SA

Scultpure vivantes découvert grâce à Jean-Yves Pénafiel et adapté par le Collectif RIvage en 2021-2023 - Créative Communs - Licence 4 CC BY-NC-SA

La boussole des émotions, créé par S-Composition - consortium Où atterrir ? dirigé par Bruno Latour en 2019-2021 - Créative Communs - Licence 4 CC BY-NC-SA

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22 —  mener l’enquête avec les émotions 

> 15 min animé par Maëliss Le Bricon

 

+ Chacun.e écrit à partir de son enquête, quatre entités qui lui créent de la joie, de la peur, de la colère et de la tristesse (5 min d’écriture). 

 

+ Chacun.e se place dans le quadrant de son choix : la colère, la peur, la tristesse et la joie.

 

+ Sur le mode du counting, chacun.e lit l’entité et l’émotion qu’elle crée :

“La concentration des médias par des milliardaires me donne de la colère / L’errance médicale me crée de la tristesse / La qualité des aliments biologiques du marché des Capucins me fait ressentir de la joie / La loi européenne sur les perturbateurs endocriniens me fait peur”

 

+ Quand tout le monde a lu son entité, on change de quadrant et on répète le counting.

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23 —  élargir la gamme des émotions 

> 20 min animé par Maëliss Le Bricon et Loïc Chabrier

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A partir de son enquête, nous allons enrichir notre palette d’émotions en commençant par interroger chacun.e de nos entités et pister, débusquer les émotions qui peuplent notre terrain de vie.

 

+ Poser la feuille de calque sur la boussole et noter l’émotion correspondante pour chaque entité pendant 10 min.

 

  • Qu’est-ce que l’entité me fait sentir ? Quelle émotion est-ce qu’elle crée ? Comment la traduire ? On essaie d’être le plus précis, le plus fin possible, on cherche la bonne déclinaison, la bonne nuance qui correspond au plus près à notre ressenti. 

 

+ On se place autour de la boussole (en “feu de camps”) et chacun.e lit sa collecte d'émotions sur le mode du counting.

 

 

Collecte des émotions :

 

sympathie - angoisse - révolte - agacement - frustration - gratitude - ça me rassure - dégoût - puissance - impuissance - étonnement - espoir mitigé - consternation - calme - impatience - incompréhension - sérénité - émerveillement - désaxé - perte de sens - ça me verticalise - empathie - sentiment de distance - soulagement - apaisement - curiosité - curiosité - curiosité - curiosité - concorde - abus - affirmation - presque colère - se sentir muselée - amour - intérêt nouveau - répulsion - puissance - jouissance - tristesse - ouverture - découverte - réconfort - ressentiment - réconfort - fuite - incapacité à recevoir - révolte - révolte - plaisir - abandon - déception - deuil - rage - espoir - nostalgie - projection - confiance - admiration et fascination - confiance - avoir la niaque - ça m’échappe - ça me saoule - ça m’ancre - ça m’ancre - force - force - me nourrit - anxiété - peur de l’avenir - sentiment d’infini - sentiment de puissance - blasée - tristesse et déception - responsabilité - joie - indifférence - ça m’intéresse - soulagement - plaisir gourmandise - rejet - satisfaction - reconnaissance - timidité et envie - liberté - incompréhension - soulagement - désir - vulnérabilité - amitié - ruse - soulagement - apaisement - épuisement - chaleur humaine - fatigue - résistance - sentiment de fragilité - lutte - complicité - ténacité - manipulation - utilité - inquiétude - colère face au cynisme - trêve - surprise - excitation - plaisir - amusement - léger regret - navritude - servilité - colère furieuse - douceur - plaisir - joie, mais aussi parfois un certain blues - interrogation - horreur - indignation - incompréhension - découragement - désintérêt - soumission - créativité - soulagement - nervosité - fraternité - colère et mépris - empathie - joie absolue - mépris - sentiment de légèreté - courage - vertige - y’a moyen de se marrer - isolement - abnégation - j’ai envie qu’il(s) paye(nt) - détermination - penser par soi-même - indifférence - attentif à - empêchement - appréhension - partage - rire - docilité - I would prefer not to

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Où atterrir ? Comment s’orienter en politique -  Bruno Latour

« Que faire ? D’abord décrire. Comment pourrions-nous agir politiquement sans avoir inventorié, arpenté, mesuré, centimètre par centimètre, animé par animé, tête de pipe après tête de pipe, de quoi se compose le Terrestre pour nous ? Nous énoncerions peut-être des opinions astucieuses ou défendrions des valeurs respectables, mais nos affects politiques tourneraient à vide. »

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24 —  inventer de nouveaux affects pour ressentir de nouvelles dépendances

> 5 min animé par Maëliss Le Bricon

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A partir de ce travail de description des émotions, on peut contourner les passions tristes et composer des nouveaux affects qui soient ajustés aux nouvelles dépendances dont nous faisons l’expérience. 

Par exemple, Bruno Latour propose, dans la conférence spectacle Gaïa Global Circus, de représenter le sentiment d’effroi des Modernes par un mouvement de danse, performé par Stéphanie Ganachaud.

 

"Tout a commencé par un mouvement de danse qui s’est imposé à moi, il y a une dizaine d’années, sans que je parvienne à m’en défaire. Une danseuse, alors qu’elle fuyait à l’envers pour échapper à quelque chose qui devait lui paraître affreux, ne cessait, tout en courant, de jeter derrière elle des coups d’œil de plus en plus inquiets, comme si sa fuite accumulait dans son dos des obstacles qui gênaient de plus en plus ses mouvements, jusqu’à ce qu’elle soit forcée de se retourner tout à fait, et là, suspendue, interdite, les bras ballants, elle voyait venir vers elle quelque chose d’encore plus effrayant que ce qu’elle avait d’abord fui – au point de la forcer à esquisser un geste de recul. En fuyant une horreur, elle en avait rencontré une autre, en partie créée par sa fuite. 

 

Je m’étais persuadé que cette danse exprimait l’esprit du temps ; qu’elle résumait en une seule situation, pour moi très troublante, ce que les Modernes avaient d’abord fui, l’archaïque horreur du passé, et ce à quoi ils devaient aujourd’hui faire face, l’irruption d’une figure énigmatique, source d’une horreur qui se trouvait devant et non plus derrière eux. L’irruption de ce monstre, mi-cyclone, mi Léviathan, je l’ai d’abord enregistrée par un nom bizarre : « Cosmocolosse ». Bruno Latour

Mener l'enquête avec les émotions, créé le Consortium Où atterrir ? dirigé par Bruno Latour en 2019-2021 et adapté par le Collectif Rivage en 2021-2023 - Créative Communs - Licence 4 CC BY-NC-SA

Elargir la gamme des émotions créé par le Collectif RIvage en 2021-2023 - Créative Communs - Licence 4 CC BY-NC-SA

Extrait du rapport d'activité du projet-pilote mené par le Consortium "Où atterrir ?" dirigé par Bruno Latour en 2019-2021. 

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Tout l’enjeu de l’expérimentation est de contourner les passions tristes et la sidération pour métaboliser ce que les chiffres et les statistiques ne parviennent pas à nous faire sentir. 

 

“L’extinction de masse est un “matter of fact” qui ne réussit pas à devenir un “matter of concern”. Nous savons ces faits, et ces faits n’arrivent pas à nous concerner. Ils ne nous affectent pas, ils ne nous engagent pas. Ces nombres et statistiques, de toute évidence et en tout cas pour la plupart d’entre nous, comme on l’exprime familièrement, ne nous disent rien, nous ressentons soit de l’ennui, un sentiment d’indifférence, ou une sidération qui paralyse (...).

Qu’est-ce qui est perdu lorsqu’une espèce, une lignée évolutive, une manière de vivre, une forme de vie ou une forme de la vie disparait du monde ? Ou, plus précisément lorsqu'une forme de vie se disloque, s’abîme, s’appauvrit, s’éteint ? Car l’extinction, nous rappelle Thomas van Dooren, n’est pas quelque chose qui “commence, se produit rapidement, puis se termine”, c’est un lent “effilochage de modes de vie intimement enchevêtrés". Qu’est-ce qu’il arrive dans ces effilochages ? Qu’est-ce qui s’y vit, qu’est-ce qui s’y perd ? Et surtout, qui perd quoi et comment ?”

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Vinciane Despret, extrait de la préface du livre “En plein vol” de Thom van Dooren

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25 —  boussole vivante

> 45 min animé par Maëliss Le Bricon et Loïc Chabrier

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La règle d’or à laquelle on se tient en atelier et jusqu’à la fin de l’expérimentation : On ne donne jamais son opinion, on ne discute pas, on ne commente pas, on ne rebondit pas.

 

Un.e citoyen.ne-expert.e se place au centre de la boussole avec sa boussole papier, et commence par lire son concernement suivi de sa deuxième réponse au questionnaire : pouvez-vous décrire précisément en quelques lignes en quoi la présence de cet élément vous est indispensable ?

 

  • Le/la citoyen.ne-expert.e appelle chaque entité de sa boussole en commençant par les menaces, et en finissant par les allié.es. Dès qu’un.e participant.e entend une entité qu’il/elle a envie d’incarner, il/elle entre dans la boussole. Le/la citoyen.ne-expert.e le/la place et décrit précisément l’action de l’entité : ce qu’elle fait qui maintient ou menace le concernement. 

 

  • Au fur et à mesure que les participant.es se placent sur la boussole, un.e scribe saisit et projette en même temps la boussole en version numérique sur un écran.

 

  • Les autres participant.es continuent à venir incarner les entités nommées jusqu’à ce que tout le groupe peuple la boussole ou qu’il n’y ai plus d’entité à placer.

 

  • Une fois que tous.tes les participant.es sont placé.es, chacun.e propose une sculpture vivante qui représente l’action de l’entité qu’il/elle incarne.

 

  • Enfin, la pièce manquante : le concernement. Le/la citoyen.ne-expert.e propose une sculpture vivante du concernement au centre de la boussole et lance la sonosphère du terrain de vie qui se compose avec tous.tes les participant.es de la boussole.

 

  • La sonosphère trouve sa résolution et se termine sans que l’artiste-médiateur intervienne. 

Boussole vivante, créé par Studio SOC (Société d'Objets Cartographique) - consortium Où atterrir ? dirigé par Bruno Latour en 2019-2021 - Créative Communs - Licence 4 CC BY-NC-SA

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26 —  rituel de fin

> 15 min animé par Maëliss Le Bricon et Loïc Chabrier

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On se met en cercle autour de la boussole.

Sur le mode de la marmite et du counting : on va nommer un moment saillant de cette journée, très court, et le mettre au centre de la boussole avant de se quitter.

 

Collecte : 

L’exercice quand on était à 5, réussir à faire confiance et à entrer en relation avec des inconnus - Le travail des 5 sur les équilibres du corps, essayer de s’ancrer dans son équilibre à soi - Aujourd’hui, grâce à la boussole vivante, la sculpture ombre et la sonosphère, j’ai pu donner de l’importance à des entités qui, généralement, peinent à en trouver. C’est réjouissant, et le faire chez les autres, c’est excitant - Le laisser-aller et la confiance en l’autre ; identifier les émotions, la première étape de la CNV (Communication Non-Violente) - Écouter et incarner les composantes du concernement d’autrui, et donc de la curiosité pour chacun.e et chacun.e du groupe - J’ai été émerveillé à deux moments : le premier quand on a partagé ce qui nous inspire - peur tristesse joie colère ; et le deuxième, quand nous avons partagé les différentes émotions qu’on ressent, la richesse de ce qu’on a partagé m’a énormément impressionné - Le moment où nous avons identifié et déplié la multitude d'émotions sur nos entités me donne envie de fouiller encore plus loin, dans cet exercice en tout cas - La synchronisation de l’écoute ; le lien entre émotion, mouvement et fait ; la chaleur des mains qui bercent - La joie à découvrir la confiance dans les corps au moment de la bascule ; la finesse de l’écoute et de la parole au moment du counting des concernements - L’ancrage ; l’intimité partagée tant émotionnelle que tactile - Comment le concernement devient politique ? - L’émotion d’incarner la culture et la recherche et la création artistique comme un bien commun - Les cakes de Charlotte - L’orchestre des animaux - Le travail des émotions - Les oiseaux ne se coupent pas la parole - La joie de découvrir vos boussoles vivantes - Le travail sur les appuis par 5 et la confiance réciproque qu’on s’accordait - L’incarnation des idées et des boussoles par les émotions et par les corps - Être “les mauvaises conditions de travail” et écouter la fatigue que ça procure - La joie et le réconfort d’avoir pu vous rejoindre cet après-midi - Tranquille, sereine, et au repos, pendant que tout le monde s’agite autour dans le mouvement.

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