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Carnet d'atterrissage

Le Collectif Rivage, créé à Bordeaux en 2020, réunit des artistes et des scientifiques.

Carnet d'atterrissage

A la manière d'un carnet de bord, l'équipe du Collectif Rivage a documenté le bourgeonnement de l'expérimentation "Où atterrir ?" entre 2021 et 2023.

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Atelier 1

Définir son concernement avec le caillou dans sa chaussure

Où atterrir ? est une expérimentation artistique, scientifique et politique

qui propose a des citoyen·nes, des agent·es de la fonction publique et des élu·es de mener l'enquête sur leur terrain de vie à partir de leurs attachements : ce à quoi ils tiennent et qui les fait tenir.

La démarche associe les pratiques artistiques et cartographiques aux méthodes d'enquêtes pour redéfinir le territoire à partir des dépendances et revitaliser le cercle politique dans un contexte de mutation climatique.

1 — accueil convivial des participant.es 

> 15 min avec toute l’équipe

 

Autour d’une boisson avec des biscuits ou des fruits pendant lequel on échange et on se met à l’aise avant de commencer l’atelier.

 

2 — présentation du déroulé de l’atelier

> 2 min animé par Maëliss Le Bricon

 

On retire nos chaussures, on laisse toutes nos affaires au bord du plateau et on vient s’asseoir sur les chaises en cercle autour de la boussole tracée au sol. Les membres de l’équipe et les participant.es sont mélangé.es.

 

+ On va commencer ensemble l’expérimentation artistique, scientifique et politique “Où atterrir ?” que nous allons traverser ensemble jusqu’en juin et qui a pour objectif de redonner des capacités d’action politique adaptées aux bouleversements écologiques que le philosophe Bruno Latour définit comme le nouveau régime climatique. Pour que l’expérimentation puisse aboutir jusqu’à l’action politique, nous avions besoin de réunir des citoyen.nes, des agent.es et des élu.es au sein des ateliers. Un grand merci à tous.tes d’être là !

 

+ Les ateliers associent plusieurs protocoles issus des pratiques artistiques et scientifiques. Il y aura plusieurs moments dans la journée avec des médiums qu’on appelle “chauds” et des médiums “froids”. On vous propose de commencer, c’est une expérimentation qui se pratique avant tout ! 

3 — tour des prénoms

> 2 min animé par Maëliss Le Bricon

 

+ On fait un premier tour de cercle pendant lequel chacun.e donne son prénom, et juste son prénom. 

 

+ On présente les membres de l’équipe et de leur rôle dans l’expérimentation :

 

  • Loïc et Maëliss sont artistes-médiateur.rices, en charge de l’accompagnement des enquêtes.

  • Valérie et Séverine sont artistes-médiatrices, en charge de l’animation des protocoles artistiques.

  • Marion, Pascale, et Anne sont scribes, en charge de la documentation des ateliers.

  • Simon et Tristan sont vidéastes et ingénieurs du son en charge de la documentation des ateliers.

 

4 — présentation de l’expérimentation “Où atterrir ?”

> 10 min animé par Maëliss Le Bricon

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Présentation extraite de la conférence de Bruno

Latour pendant le projet-pilote mené avec le consortium "Où atterrir 2019-2021.

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5 — réveil des sensations physiques

> 10 min animé par Séverine Lefèvre / Valérie Philippin 

 

+ On se met debout, toujours en cercle et chacun.e commence par masser sa paume de la main droite avec sa main gauche puis la pulpe de chaque doigt. On passe au bras droit qu’on pétrit comme une pâte à pain. On remonte le long du bras petit à petit, puis on arrive à l’épaule où on retrouve souvent des tensions dans le trapèze. On va essayer de décoller le trapèze vers le haut en le pinçant avec toute la paume de la main. Si on baille, c’est bon signe, on laisse aller. Puis on recommence à partir de la main gauche que l’on masse et à partir de laquelle on remonte jusqu’au trapèze gauche. On profite de chaque contact pour respirer et pour sentir chaque mouvement.

On s’occupe du bas du dos, des lombaires que l’on frotte et que l’on tapote avec les poings puis on remonte le long du dos en faisant sortir la voix.

 

+ On se frotte chaque jambe qu’on réchauffe. On prend chaque cuisse qu’on fait rouler avec les deux mains. Puis on pose les mains sur les genoux, pour sentir la chaleur de chaque paume, on reste comme ça quelques secondes. On descend jusqu’aux pieds, qu’on frotte, tapote et gratte.

 

+ Puis on se relève progressivement jusqu’à retrouver la verticalité. On frotte et on claque légèrement nos doigts près de nos oreilles les yeux fermés, et on écoute, on écoute juste. On frotte ensuite les deux mains, que l’on place contre chaque oreille en creux. On le fait une seconde fois, on écoute et on profite de ce petit bain, de ce réveil.

 

+ On laisse les bras descendre le long du corps et on s’ancre dans le sol pour sentir comment la région lombaire peut s’ouvrir à chaque respiration. 

 

+ Entre nos deux mains, on imagine une immense feuille de papier qu’on voudrait compresser pour en faire une toute petite boule de papier compressée entre nos mains : ça demande un effort, il y a une densité, jusqu’à obtenir la boule de papier compressée. Et dès qu’on l’a, on souffle et on la lâche.

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Texte de Bruno Latour sur le rôle des arts dans l’expérimentation 

 

" Commencer par les arts paraissait troublant. « — Quoi, vous prétendez renouveler la politique en nous proposant de nous mettre en ligne, puis en tas, puis en cercle ? Mais quoi, vous nous prenez pour des gamins de sixième ? — Mais quand même, pourquoi nous faire émettre des sons, en commun, par mille astuces, est-ce que par hasard vous nous prenez pour des vieillards dans un Ehpad à qui il faudrait rafraichir la mémoire par les tubes de leur enfance ? — Attendez, apprendre à émettre un son qui vous mette en résonance avec un participant qui se trouve en face de vous, c’est déjà commencer à changer de répertoire. » La « ligne d’Alloue » nous confirmait dans notre décision de ne jamais partir de l’expression d’opinion, parce que l’émetteur de ces opinions n’avait pas la bonne amplitude ou ne sonnait pas dans la bonne tonalité. En effet, le « moi je pense que… » « j’ai mes opinions à moi… » « je tiens à mes valeurs et elles sont inébranlables… », tout ce répertoire d’action, peut-être bien adapté avant la tragédie climatique, mais il n’est plus très opérant quand il s’agit de prendre position devant de nouveaux êtres, ces êtres qui sont précisément en train de faire irruption dans les provinces : le CO2 qu’est-ce qu’il fait là ? Les insectes, comment sentir et sonoriser leur disparition ? Les drames de la globalisation, ça se dit comment ? La mobilité ? La montée des eaux ? La fonte des glaces ? La disparition des anciens métiers ? La misère des petits bourgs ? La délocalisation des entreprises ? L’arrivée des migrants ? Le silence nouveau de la campagne-désert ? Le climat ? Quel est le « je » capable d’absorber de telles questions et de s’exprimer justement à leur propos ? (…)

D’où là l’importance décisive des arts. Les bords de votre « moi » changent parce que vous apprenez, par des exercices bien choisis, à écouter, à entrer en résonance avec d’autres manières d’être. Si l’on change de pays, ce qui est, après tout, le but de l’atterrissage, forcément, on change aussi de façons de se comporter. « La politique, dit-on, est l’art du possible » — encore faut-il qu’il y ait des arts pour multiplier les possibles…”

6 — cercle des prénoms

> 3 min animé par Maëliss Le Bricon

 

+ Une première personne sonorise son prénom avec un geste.

 

+ Tout le monde reprend, en même temps et le plus précisément possible, le geste et le prénom de la première personne.

 

+ On recommence pour chacun.e jusqu’à boucler le cercle des prénoms.

 

7 — faire une ligne

> 4 min animé par Loïc Chabrier

 

+ On fait une ligne droite de la plus petite à la plus grande personne sans se parler.

 

+ L’artiste-médiateur encourage les participant.es à faire la ligne jusqu’au bout, à prendre le temps de s’ajuster si nécessaire, jusqu’à qu’ils/elles soient satisfait.es du résultat.

 

8 — sociométrie

> 10 - 20 min animé par Loïc Chabrier 

 

+ Nous allons essayer de nous situer, cette fois-ci sur une carte que l’on va se représenter au sol et où nous allons commencer par placer le nord.

 

  • Est-ce que vous pouvez m’indiquer où est le nord ? On s’accorde sur la direction du nord et on précise que les limites de la carte sont les bords de la salle.

  • A mon clap, chacun.e essaye de se positionner, le plus précisément possible, sur la carte en fonction d’où il/elle habite. Clap c’est parti ! 

Pour se repérer et se positionner, chacun.e a besoin d’échanger avec les un.es et les autres pour ajuster sa propre position.

 

+ On suspend les déplacements et on s’immobilise un instant pour écouter chacun.e se situer : “Je m’appelle Loïc et j’habite rue Gratiolet à Bordeaux”. En fonction des personnes présentes sur la carte, chacun.e se réajuste et se repositionne pour atteindre une carte géographique la plus fidèle possible à la carte IGN.

  • A mon clap, chacun.e essaye de se positionner en fonction de là où il/elle est né.e. Clap c’est parti ! 

 

+ On suspend les déplacements, on s’immobilise un instant pour écouter chacun.e se situer : “Je m’appelle Loïc et je suis né à Périgueux”. En fonction des personnes présentes sur la carte, chacun.e se réajuste et se repositionne.

 

  • A mon clap, chacun.e va essayer de se positionner en fonction de là où il voudrait vivre. Clap c’est parti ! 

 

+ On suspend les déplacements, on s’immobilise un instant pour écouter chacun.e se situer : “Je m’appelle Loïc et j’aimerais vivre dans les Pyrénées”. En fonction des personnes présentes sur la carte, chacun.e se réajuste et se repositionne.

Texte extrait du rapport d'activité du projet-pilote mené par le Consortium "Où atterrir ?" dirigé par Bruno Latour en 2019-2021.

7. 8. 9 : Extrait du rapport d'activité du projet-pilote mené par le Consortium "Où atterrir ?" dirigé par Bruno Latour en 2019-2021. 

Ces exercices ont été proposé et animé par Chloé Latour de S-Composition et sont issus des pratiques de SITI Compagnie.

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9 — vision périphérique

> 8 min animé par Séverine Lefèvre / Valérie Philippin

 

+ On tend les bras devant soi, puis on les éloigne l’un de l’autre, aux limites de notre champ de vision, en essayant de toujours les voir sans bouger la tête : on réveille sa vision périphérique. 

 

+ On marche dans l’espace et on ne laisse aucun vide. En avant puis en marche arrière, et de nouveau en avant. On choisit une personne que l’on garde dans notre champ de vision, sans qu’elle s’en rende compte, c’est un secret.

 

+ On continue la marche dans l’espace, on essaie de faire varier les tempos : on peut ralentir / accélérer / s’immobiliser, tout en gardant secrètement la personne choisie dans notre champ de vision.

 

  • On choisit une seconde personne et on la garde également dans notre champ de vision.

  • On se rapproche de l’une, puis de l’autre sans qu’elles s’en rendent compte.

  • On essaye de se placer à égale distance des deux personnes tout en les gardant simultanément dans notre champ de vision.

 

+ On se réajuste jusqu’à ce que le groupe trouve une position d’immobilité. 

 

  • A mon clap, on pointe du doigt les deux personnes choisies.

  • On ferme les yeux, on lâche les bras le long du corps et à voix haute, on va dire combien de personnes il y avait dans notre champ de vision.

  • Puis tout doucement on rouvre les yeux. On peut alors compter le nombre de personnes dans notre champ de vision.

 

Les objectifs de l’exercice 

Constituer un groupe qui s’écoutent et jouent ensemble, cultiver un état de corps disponible qui a la sensation de l’espace tout autour de lui, et non seulement devant lui dans la vision d’un spectateur extérieur. Chacun.e ressent sa situation de l’intérieur d’une croisée de trajectoires complexes à suivre. 

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10 — description de l’iris

> 15 min animé par Loïc Chabrier

 

+ On se met par trois avec les personnes les plus proches et on se répartit 

les rôles : 

  • la 1ère personne regarde attentivement l’iris dans l’œil de l’autre personne et décrit le plus précisément ce qu’elle voit, elle décrit ce qu’elle perçoit et ce qu’elle observe à haute voix.

  • La 2ème personne note scrupuleusement ce que dit la première personne qui regarde et décrit, sans commenter.

  • La 3ème personne se laisse observer et profite de ce moment de description de son iris.

 

Dans cet exercice, la seule personne qui parle est celle qui décrit ; les autres peuvent seulement écouter, ou écrire.

Une fois que les rôles ont été distribués, on prend 5 minutes pour la première description et ensuite on change les rôles pour que tout le monde puisse les expérimenter.

 

+ Maintenant on compare les descriptions produites avec ce qui est écrit sur nos cartes d’identité ou nos passeports concernant la couleur de nos yeux. Est-ce que c’est la même chose ?

Les objectifs de l’exercice [extrait du rapport du projet-pilote mené par le Consortium " Où atterrir ?"]

“ Apprendre à observer et s'entraîner à décrire avec le plus d’ouverture et de précision possible. Le fait que l’on regarde les yeux de quelqu’un d’autre fait que cela crée de la relation et oblige à une certaine précision dans la description, par respect de la personne que l’on a en face. Il s’agit aussi d’un sujet que l’on a, en général, jamais regardé et pour lequel on a aucun référentiel. Cela permet également de donner une expérience concrète d’émerveillement procurée par le fait de décrire et par la réalité qu’on observe comparée à la description simplificatrice et rapide que l’on donne quand on dit juste la couleur de ses yeux. Cela permet aussi de parler de l’usage de la métaphore pour préciser que les formes esthétiques sont là pour décrire le réel avec encore plus de précision, de sensation, et non pour partir dans l’imaginaire, hors du réel.”

11 — description oligoptique

> 25 min animé par Loïc Chabrier

 

On va pratiquer ce qu'on appelle notre vision oligoptique. 

 

+ Première étape : chacun.e choisit un endroit où il/elle peut trouver plusieurs entités hétérogènes, un endroit pas trop épuré si possible.

 

  • Pendant 5 minutes, chacun.e note tout ce qu’il/elle perçoit dans cette tranche d'éléments sous forme de liste avec toutes les entités visibles dans cette tranche, à plat, de manière complètement horizontale, sans savoir si c’est ou non un.e humain.e, une matière, un objet, on note tout. On reste très fidèle à la tranche et on ne cherche pas à regarder derrière, à imaginer ce qu’on ne voit pas. On note chaque élément, sans préjugés du type “ça, ça m'intéresse”, “ça, c’est intéressant” ou “ça, ce n’est pas intéressant”.

 

+ Étape suivante : chacun.e choisit, parmi sa liste, une entité qu'il va ensuite décrire de manière oligoptique pendant 10 minutes.

 

  •  D'abord, on se demande : “de quoi dépend cette entité pour être là ?” On peut s’intéresser à son cycle de fabrication : “Comment est-elle arrivée là ? Comment a-elle été fabriquée, d’où elle vient, avec quelles matières ? Quelle est la liste des acteurs impliqués dans cet objet ?”

  • Ensuite, on s’intéresse à la somme des entités qui maintiennent cet élément dans l’existence : “de quoi dépend cette entité pour être là ? Quels sont les autres êtres, entités, objets socio-techniques mobilisés pour que cet être soit là aujourd'hui et peut-être demain ? Qu’est-ce qui lui permet de se maintenir dans l’existence ? Quel est le récit de vie de cet objet ? Quelles sont les entités qui composent la vie de cet objet ?”. 

Les entités peuvent être des humain.es, non-humain.es, des lois, des horaires, des clefs, des objets socio-techniques…

Une définition d’oligoptique

"Oligos" signifie le plus petit élément possible. "Optique" signifie la science de la vision. Ce qu’on fait en pratiquant notre vision oligoptique, c’est qu’on prend un élément, et on essaie de décrire toutes les petites choses, toutes les chaînes de dépendance, tous les petits attachements qui font que cet élément est là. C’est une manière de se rendre compte que le tout est toujours plus petit que ses parties, qu’il y a plus de complexité dans le dépliage de petits éléments que dans les grands ensembles qu’ils composent : on décrit la somme des parties qui constituent un tout. Ce sont ces parties, les plus petites possibles, qu’on appelle des “oligoptiques”. A l’inverse des oligoptiques, les panoptiques donnent l’impression de tout embrasser, de tout voir, d’avoir une vision d’ensemble, alors que non. Par exemple, Google Earth nous permet en quelques clics de passer du globe, à un toit d’immeuble, composé de pixels grisâtres, d’une photo prise à une date précise et passée, qui n’a plus rien à voir et n’a rien à voir avec ce qu’il se passe dans cette rue ou sur ce toit. “Les panoramas les plus globaux, eux aussi, ont une adresse, et même s’ils présentent une version savante et quantifiée, si l’on y voit bien « tout », c’est toujours « dans » une salle obscure.”

 

C’est un protocole essentiel que l’on peut appliquer à chacune des entités qui composent notre terrain de vie : on se demande toujours “de quoi dépend cette entité ? Comment cette entité se maintient ?”. Le but est de sortir des généralités, des entités vagues et englobantes, de sortir des descriptions “yeux verts, yeux marrons”, pour aller vers des descriptions beaucoup plus précises et spécifiques, qui permettent, en les “dépliant”, de découvrir de plus petits éléments, jusqu’à arriver à ceux sur lesquels on peut potentiellement avoir de la prise.

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12 — partage des descriptions oligoptiques

> 10 min animé par Loïc Chabrier

 

On se met deux par deux et on lit, chacun.e notre tour, la description oligoptique de l’entité choisie. L’un.e décrit, l’autre écoute, puis on inverse les rôles.

Réponses aux objections par Bruno Latour 

 

Pourquoi partir des descriptions individuelles au lieu de se soucier plutôt de l’intérêt général ? 

 

Bruno Latour : " Parce que le but est justement de monter trop vite en généralité pour recomposer différemment ce qui fait l’intérêt général. Il a là une question de théorie sociale. « On perd de vue cette idée chaque fois que l’on confond la notion de réseau avec celle de niveau. Macron est à l’Elysée dans un bureau. Est-ce que ce bureau est « grand » ? Pas tellement plus de 100 m2. Mais il grandit, s’il est connecté par le truchement de téléphones, de conseillers, de statistiques, de conseils, de rapports et de conduits juridiques à « toute la France » (ce qui veut dire aux quelques points pertinents qui représentent, dans son bureau, « toute la France » sans oublier les « visiteurs du soir »). Je suis dans ma petite cabane à Chatelperron : est-ce que je suis plus petit que le président de la République ? Évidemment, le nombre de connections dont je dispose est minuscule par rapport aux siennes. Cette différence de dimension, faut-il pour autant la ranger dans une différence de niveaux en disant que Macron a une vision « globale » que je n’ai pas ? Oui et non. Si l’on entend par là, les connexions toutes locales qui lui permettent de parler au nom de « toute la France », à coup sûr. Mais si l’on entend par là, qu’il y a comme un gigantesque, hégémonique, dominant « pouvoir » qui flotterait au-dessus de moi et qui serait « à un autre niveau », dépendrait d’autres ressources et dont Macron ne serait que la personnalisation provisoire, alors, certainement pas. La preuve, c’est que si les connections sont mauvaises ou coupées une à une : mauvais conseils, statistiques truquées, mécontentement des militaires, etc. quand Macron parlera, ce ne sera plus « La France », mais l’individu qui occupe un bureau désert de cent m2 à l’Elysée ou le téléphone a cessé de sonner. Il pourra toujours invoquer à son secours « le pouvoir » ou le « système » ou même le célébrissime « appareil d’État », rien n’y fera. Par une situation exactement inverse de celle qui a fait passer Steve Jobs de son petit garage à une entreprise anonyme et géante, le président de la France serait passé d’un pouvoir anonyme et global à un simple individu dans son bureau doré. L’histoire politique est aussi remplie de ces renversements progressifs que l’histoire industrielle.

L’opposition entre individu et société est une fiction polémique et stratégique qui ne résiste pas à l’examen le plus superficiel : prenez le CV de quelqu’un que vous ne connaissez pas : comment allez-vous la connaître ? Mais en lisant les lignes de plus en plus nombreuses du bien nommé « curriculum vitae », parcours de vie ; et où cela va-t-il vous mener ? Mais partout ! C’est l’évidence même : dans les institutions où elle a travaillé, les pays qu’elle a visité, les compétences qu’elle a acquises. La fameuse et sempiternelle opposition entre le niveau individuel et le niveau des structures, ne correspond jamais à l’expérience. Laquelle au contraire nous permet toujours de définir la particularité, l’idiosyncrasie, la spécificité d’une personne en s’éloignant toujours davantage d’elle et en visitant le monde qu’elle a, parfois de façon minuscule, infléchi. Une personne, c’est un holobiont. »

13 —pause déjeuner

> 1h30

14 — pensée en action avec les Nouveaux Cahiers de Doléances 

> 15 min animé par Maëliss Le Bricon

 

On s’installe pour visionner l’extrait de la conférence de présentation du projet-pilote “Où atterrir ?” par Bruno Latour à Saint-Junien en février 2020 et qui est disponible en ligne (visionnage depuis 14:37 à 29:23).

Les objectifs de l'exercice, extrait du rapport d'activité du projet-pilote mené par le Consortium "Où atterrir ?" dirigé par Bruno Latour en 2019-2021.

10 : Extrait du rapport d'activité du projet-pilote mené par le Consortium "Où atterrir ?" dirigé par Bruno Latour en 2019-2021. 

Ces exercices ont été crée et animé par Chloé Latour de S-Composition.

11 : Extrait du rapport d'activité du projet-pilote mené par le Consortium "Où atterrir ?" dirigé par Bruno Latour en 2019-2021. 

Ces exercices ont été crée et animé par Chloé Latour de S-Composition.

Réponses aux objections, extrait du rapport d'activité du projet-pilote mené par le Consortium "Où atterrir ?" dirigé par Bruno Latour en 2019-2021. 

15 — écriture du questionnaire 

> 15 min animé par Loïc Chabrier et Maëliss Le Bricon

 

+ Les artistes-médiateur.rices lisent une première fois le questionnaire pour expliciter chaque élément avec les participant.es. S’il y a des questions, les artistes-médiateur.rices y répondent au fur et à mesure. 

 

1. Pouvez-vous faire la liste des êtres / éléments / entités / activités indispensables à votre existence dont vous avez appris que son maintien était menacé ? (de 0 à 5) 

Chacun.e cherche des entités qui sont indispensables, vitales, essentielles à son existence et dont il/elle a appris que leur maintien était menacé. Chacun.e cherche à partir de son expérience vécue, d’une situation concrète qui le/la concerne directement. 

Il s’agit d’une situation à laquelle il/elle est confronté.e et face à laquelle il/elle se sent impuissant.e. C’est comme un caillou dans la chaussure, qui fait mal quotidiennement quand on marche.

On répond sous forme de liste, comme pour faire une liste de course. 

 

 2. Pouvez-vous décrire précisément en quelques lignes en quoi la présence de cet élément vous est indispensable ? (minimum 9 phrases). 

On choisit une entité parmi la liste énoncée dans la première réponse, qui compte plus que les autres et qui est particulièrement menacée. 

En quelques lignes, on décrit en quoi cet élément nous est personnellement indispensable et vital. Cette entité devient le concernement, ce à quoi je tiens, qui me fait tenir et qui est menacé de disparaître.

 

3.. Quand avez-vous pris connaissance de cette menace ? 

On décrit quand on a eu connaissance de cette disparition.

 

4. Pouvez-vous nommer par qui ou par quoi cet élément est menacé ?

 On décrit sous forme de liste les entités qui menacent le concernement et on décrit l'action de chaque entité.

 

5. Pouvez-vous nommer par qui ou par quoi cet élément est menacé ? 

On décrit sous forme de liste les entités qui participent au maintien du concernement et on décrit l’action de chaque entité.

 

 

6. Pouvez-vous lister des êtres, des entités auxquels il faut s’adresser pour favoriser le maintien de cet élément ?

On décrit sous forme de liste les entités à qui s’adresser pour éviter que le concernement ne disparaisse.

 

7. Décrivez maintenant ce que vous êtes prêt à faire pour contrer cette menace. 

On écrit, avec sincérité, si on serait prêt à faire quelque chose pour défendre ce concernement. Si, par exemple, on nous réveille en pleine nuit pour défendre ce concernement, est-ce qu’on se lève ou on est-ce qu’on se recouche ? On essaie de sonder si l’attachement est vital ou si on se sent vaguement touché par ce concernement. Si c’est le cas, on recommence le questionnaire avec un autre concernement jusqu’à se sentir concerné, même si on n’a pas trouvé de réponses à toutes les questions.

 

+ On prend un temps pour répondre au questionnaire chacun.e pour soi. Les artistes médiateur.rices circulent et accompagnent les participant.es dans l’écriture du questionnaire.

 

+ Ceci est un premier temps d’écriture qui sera réitéré tout au long du processus d’enquête. Les réponses seront amenées à évoluer.

 

+ Il est précisé que le questionnaire ne sera surtout pas ramassé mais qu’il guide chaque participant.e tout au long de son enquête.

 

+ Pour l’instant, on répond au questionnaire et on ne tient pas compte de la boussole.

 

Les objectifs de l’exercice

“L’objectif est d’habituer les participants à écrire sans peur de la « mauvaise réponse ». Ce que l’on appelle « extériorisation de la parole » consiste à lire à haute-voix ses réponses, à les partager, et à les dicter au scribe qui les écrit sans les modifier d’un mot. La forme compte car elle est corrélée au niveau de précision plus ou moins important des réponses. Les phrases énoncées par chaque participant sont relues par le scribe à voix haute."

15. Extrait du rapport d'activité du projet-pilote mené par le Consortium "Où atterrir ?" dirigé par Bruno Latour en 2019-2021. 

Le questionnaire crée par Bruno Latour avec Soheil Hajmirbaba de SOC (Société d'Objets Cartographiques) et ici adapté par le Collectif Rivage.

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Extrait du rapport d'activité du projet-pilote mené par le Consortium "Où atterrir ?" dirigé par Bruno Latour en 2019-2021. 

Le schéma de la boussole créé par Soheil Hajmirbaba de SOC (Société d'Objets Cartographiques) et ici adapté par le Collectif Rivage

16 — partage des concernements 

> 45 min animé par Loïc Chabrier et Maëliss Le Bricon

 

+ La règle d’or à laquelle on se tient en atelier et jusqu’à la fin de 

l’expérimentation : On ne donne jamais son opinion, on ne discute pas, on ne rebondit pas, jamais. Même si au début, on a des difficultés et qu’on sent qu’on a très envie de rebondir, on s’accroche à la règle pour écouter la description du/de la citoyen.ne-expert.e.

 

+ Chacun.e leur tour, les participant.es et les membres de l’équipe se lèvent et font un tour de boussole en musique (par exemple Soul Alphabet) pour se placer au centre de la boussole et partager le nom de leur concernement. 

 

  • La musique baisse, et le/la citoyen.ne-expert.e commence par « Je m’appelle... », lit son questionnaire, c'est-à-dire lit scrupuleusement ses réponses, sans commenter, sans agrémenter, sans apporter plus de précisions, si ce n’est pas écrit. 

  • Ni le/la citoyen.ne-expert.e au centre de la boussole, ni les médiateur.rices, ni les scribes, ni les participant.es ne donnent leur opinion, ne rebondissent ou ne discutent.

  • Si un concernement a été mal entendu ou n’a pas été correctement noté, on n’interrompt pas le protocole. La collecte des entités après la pause permettra de préciser les concernements de chacun.e.

ON NE VOUS DEMANDE PAS VOTRE OPINION - point dogmatique de Bruno Latour

« — Quoi ? Mon opinion ne vous intéresse pas ? Mais enfin je suis venu pour m’exprimer non ? — Pas forcément. Supposez que ce soit les limites, les délimitations, les bords de votre « moi » qu’il s’agit, justement, de modifier. Ce que vous pensiez tout à l’heure avec le « moi » du début, ce n’est peut-être pas le même moi qui va penser, dans deux heures, tout autre chose. — Ah tiens, je changerais de ‘moi’ ? — Peut-être bien, et donc aussi d’idées. — Mais si c’est ce que je pense !? — Vous le pensez peut-être à faux. — Mais, enfin, puisque ça sort de moi ! — Attendez de savoir de quoi vous dépendez et où exactement vous vous situez — Mais ce n’est ni vrai, ni faux, c’est ce que je pense, moi tout simplement, et à quoi je tiens. — Et si c’était ça le problème ? C’est pour sortir de là qu’on fait l’exercice. — Ah tiens, vous prétendez juger du vrai et du faux, en politique ? Ça c’est nouveau — Oui, quand même, assez, peut-être. »

Non, en effet, votre opinion ne nous intéresse pas. Pourquoi? Mais parce qu’il y a bien trop longtemps que vous avez perdu l’habitude de vous situer dans le monde, si bien que ce « moi je » on se méfie de sa composition, et de ce « moi je pense que.. » encore plus. Que va nous dire ce participant qui se plaint sans se décrire que nous ne sachions déjà? Et la preuve, c’est qu’il nous accuse, nous, de répéter toujours les même choses, ce qu’il fait en effet lui-même, faute d’accepter de modifier la définition, les bords, la composition, les attachements de ce « moi je pense que »... Les participants commencent à changer de position quand ils s’aperçoivent de l’absolu sérieux avec lequel nous enregistrons, analysons, respectons et cartographions ce qu’ils disent, alors même qu’au début ils avaient l’impression qu’on ne les « laissait pas s’exprimer » !”

Point dogmatique extrait du rapport d'activité du projet-pilote mené par le Consortium "Où atterrir ?" dirigé par Bruno Latour en 2019-2021. 

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FAIRE PRESSION POUR OBLIGER À SAISIR AUTREMENT LE TERRITOIRE - 

point dogmatique de Bruno Latour

" Pour libérer les capacités politiques des gens il faut exercer sur eux une énorme pression pour qu’ils oublient leurs anciennes façons de parler et qu’ils finissent par arracher d’eux ce qui les attache. Rien à voir avec la spontanéité, la libre expression : c’est pression maximale ! C’est comme le café, il faut une très grosse pression pour en extraire le gout, laissés à eux-mêmes les grains sont fades. Important pour le consortium. Comme pour la sociologie de l’ANT, ce que nous faisons avec le consortium, c’est d’exercer une pression suffisante sur les participants pour les sortir du (pseudo) réalisme dans lequel ils se croient plongés, et qui irait, si nous n’y prenions garde, dans l’expression « spontanée » de leurs « opinions » sur le mode « moi je pense qu’il faudrait faire ceci ou cela ». Et comme ils le ressentent très fort, ils pensent vraiment que c’est à cela qu’ils tiennent et qui est véritable, authentique. Mais bien sûr ni le « moi je », ni le « moi je pense que », ni le « il faudrait » ne sont réalistes. C’est au mieux l’état des positions politiques qu’on a appris dans le passé. Ou au pire ce qu’on a lu sur Facebook ou que les fermes de fake news sibériennes ont introduit dans Twitter. Il faut donc exercer une force contraire qui, apparaît alors, comme totalement artificielle.”

17 — pause 

> 10 min 

 

18 — sculptures 

> 5 min animé par Séverine Lefèvre / Valérie Philippin

 

+ On se met en binôme. L’une des deux personnes propose une sculpture qu’elle tient jusqu’à ce qu’elle soit rejoint par l’autre personne qui propose alors une seconde sculpture en écho à la première, elle s’incruste, remplit les espaces vides sans zone de contact. La première personne s’extrait, et propose une nouvelle sculpture en écho. Et ainsi de suite.

 

19 — collecte des concernements

> 20 min animé par Maëliss Le Bricon et Loïc Chabrier

" La règle d’or à laquelle on se tient en atelier et jusqu’à la fin de l’expérimentation :

On ne donne jamais son opinion, on ne discute pas, on ne rebondit pas, jamais."

+ On s’installe en cercle autour d’un paperboard ou d’un tableau, afin de relever, de collecter les concernements de chacun.e. Après avoir entendu les concernements des autres et fait plusieurs exercices de descriptions, les concernements se sont peut-être déjà précisés, se sont affinés, ou peut-être pas. Cette collecte permet d’avoir une vue d’ensemble des concernements du jour.

 

+ Le/la scribe note scrupuleusement chaque concernement. Si besoin, il/elle demande au/à la citoyen.ne-expert.e de répéter, d’épeler, mais ne reformule jamais à sa place ou ne remplace jamais un terme par un autre. Chaque participant.e a le dernier mot sur la formulation de son concernement.

 

La collecte des concernements à LaBase avec le groupe 1 :

 

Les animaux sauvages dans les bois du Limousin (biches, sangliers, renards …) - Le respect de tous les vivants - L’égalité face à la capacité d’agir - La santé mentale - L’agriculteur nourricier - La possibilité de bien me loger sur la métropole bordelaise - Le faire commun - L’entraide et le partage - Le figuier de mon voisin - La liberté de mouvements

 

La collecte des concernements à la Manufacture CDCN avec le groupe 2 :

 

L’humanité et la biodiversité telle qu’on la connaît - Les biens communs - 

Mon temps libre - Eau Potable disponible chez moi Pessac 24h/24H - 

La relation humaine - La dimension enchantée du monde - La décolonisation des corps des femmes atteintes de l’endométriose - La liberté de choisir - Mon job - Mes relations sociales - Mon sommeil - L’essence - Simplicité de vie - Une ville à taille humaine - La liberté de ne pas contrôler les autres (à mon travail) et la liberté de ne pas être contrôlée - moi-même - Se nourrir en ville - Moi-même - La nourriture saine, gratuite, à moins de 300 mètres de lieux d’activités - Arthropodes dans la Zone Critique

 

La collecte des concernements à la Scène nationale Carré-Colonnes avec le groupe 3 :

 

La forêt du Taillan - L’eau - Avoir une communication profonde avec mon entourage humain - La survivance en paix de ma famille et surtout de mes petits-enfants - La fraternité - La vie des hommes et des femmes qui habitent des pays en guerre ou en urgence climatique - Le partage des décisions - Le temps qu’on passe - Un monde fluide - La préservation de la forêt des Landes de Gascogne

 

La collecte des concernements à la Scène nationale Carré-Colonnes avec le groupe 4 : 

 

La conscience de nos interdépendances - L’eau source de vie - L’autonomie alimentaire - L’avenir de mon fils - La civilisation - Un espace pour rêver - 

Ma voiture, outil de ma liberté - Les plantes - L’exercice de mon métier artistique - Liberté, bien-être, légèreté, énergie du cœur - La rencontre singulière

 

Texte de Bruno Latour sur l’auto-description

“ En effet, nous allions nous en apercevoir, l’expression d’une opinion définit un émetteur, un récepteur, un ton qui engendre un type de contenu complètement distinct de l’opération d’auto-description qui, à son tour, modifie aussi bien l’émetteur, le récepteur que la tonalité du récit. C’est ce décalage dont nous suivons les effets depuis quatre ans dans les ateliers Où atterrir ? Pour des raisons qui nous sont apparues au cours des ateliers, l’expression d’opinions, même si elle semble imiter une activité politique, paralyse aujourd’hui cette activité. Inversement, basculer un temps dans l’autodescription remet en mouvement toute une gamme de comportements politiques mieux ajustés à la situation actuelle. Ce résultat peut paraître contre-intuitif, mais il est en fin de compte, il me semble, notre plus importante découverte.”

20 — cartographie de la boussole 

> 25 min animé par Maëliss Le Bricon

 

+ L’objectif de la boussole et de nous aider à nous repérer sur notre terrain de vie pour agir politiquement et défendre nos conditions de subsistance dans un contexte soumis au Nouveau régime climatique. 

Elle permet de cartographier l’enquête que chacun.e mène à partir d’un concernement : ce à quoi je tiens / qui me fait tenir et qui est menacé de disparaître. 

La boussole est composée de deux parties : la partie basse représente la situation présente, ce dont j’hérite, et la partie haute représente la situation future de mon terrain de vie, ce que je vais transmettre et qui peut se stériliser ou au contraire maintenir ses conditions d’engendrement. Tout dépendra de l’enquête et des actions que je mettrai en œuvre pour défendre mon concernement. 

 

+ On commence par remplir le bas de la boussole qui correspond à la situation actuelle à partir des réponses du questionnaire.

 

+ Pour chaque entité repérée dans le questionnaire sur sa boussole papier, on place : 

  • le concernement : au centre 

  • les entités qui menacent le concernement : en bas à gauche

  • les entités qui maintiennent le concernement : en bas à droite 

 

+ On ajuste la position de chaque entité, en fonction de l’action et de son degré d’intensité (faible menace, maintient important…). Plus l'intensité est élevée, plus l’entité se trouve proche de la ligne horizontale de la boussole.

 

+ Enfin, on positionne chaque entité en fonction du degré de proximité que l’on entretient avec elle, c’est-à-dire si elles sont ou non à ma portée. Si je peux les contacter ou échanger avec elles autour d’un café, elles se trouvent dans le cercle intérieur. Si ce n’est pas le cas, les entités sont hors de portées et se situent dans le cercle extérieur.

Point dogmatique extrait du rapport d'activité du projet-pilote mené par le Consortium "Où atterrir ?" dirigé par Bruno Latour en 2019-2021. 

Extrait du rapport d'activité du projet-pilote mené par le Consortium "Où atterrir ?" dirigé par Bruno Latour en 2019-2021. 

Extrait du rapport d'activité du projet-pilote mené par le Consortium "Où atterrir ?" dirigé par Bruno Latour en 2019-2021. 

Les règles de la boussole ont été créées par Soheil Hajmirbaba de SOC (Société d'Objets Cartographiques) 

21 — boussole vivante 

> 15 min animé par Maëliss Le Bricon

" La règle d’or à laquelle on se tient en atelier et jusqu’à la fin de l’expérimentation : On ne donne jamais son opinion, on ne discute pas, on ne rebondit pas, jamais."

 

Un.e citoyen.ne-expert.e se place au centre de la boussole avec sa boussole papier, et commence par lire son concernement suivi de sa deuxième réponse au questionnaire : pouvez-vous décrire précisément en quelques lignes en quoi la présence de cet élément vous est indispensable ?

 

  • Le/la citoyen.ne-expert.e appelle chaque entité de sa boussole en commençant par les menaces, et en finissant par les allié.es. Dès qu’un.e participant.e entend une entité qu’il/elle a envie d’incarner, il/elle entre dans la boussole. Le/la citoyen.ne-expert.e le/la place et décrit précisément l’action de l’entité : ce qu’elle fait qui maintient ou menace le concernement. 

 

  • Au fur et à mesure que les participant.es se placent sur la boussole, un.e scribe saisit et projette en même temps la boussole en version numérique sur l’écran.

 

  • Une fois que tous les participant.es sont placé.es, chacun.e propose une sculpture vivante qui représente l’action de l’entité qu’il/elle incarne.

 

  • Les autres participant.es continuent à venir incarner les entités nommées jusqu’à ce que tout le groupe peuple la boussole ou qu’il n’y ai plus d’entité à placer.

 

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Extrait du rapport d'activité du projet-pilote mené par le Consortium "Où atterrir ?" dirigé par Bruno Latour en 2019-2021. 

Les règles de la boussole vivantes ont été créées par Soheil Hajmirbaba de SOC (Société d'Objets Cartographiques) 

©_Pierre_PLANCHENAULT-01400 (1).jpg

22 — partage des points saillants

> 15 min animé par Maëliss Le Bricon et Loïc Chabrier 

 

+ On se retrouve en cercle autour de la boussole comme au début de l’atelier avec nos chaises. 

 

+ Chacun.e note un ou deux moments saillants de l’atelier : un moment, une question, un ressenti, que l’on souhaite partager. 

 

+ Ensuite, chacun.e lit scrupuleusement ce qu’il/elle a écrit, sans commenter ni discuter.

 

Extraits des points saillants :

 

L’apprentissage, tout ce qu’on peut déplier à partir de l’observation d’une toute petite tranche - Le partage des cailloux lors de la lecture des questions réponses, et l’envie de voir chacun chacune enlever son caillou, et envie de m’engager dans pas mal de ces luttes - L’exercice de pliage et dépliage pour comprendre nos interdépendances et notre implication personnelle - L’exigence dans la description, son intérêt et sa difficulté ; besoin de comprendre la suite - La joyeuse découverte de chacun chacune et du groupe que nous formons aujourd’hui - Désorientée, ancrage difficile, où est mon caillou ? - Joie diffuse d’enfin commencer et partager - L’émotion d’écouter les autres parler de leur caillou qui m’a surprise et beaucoup touché ; et après ? - J’ai beaucoup aimé la session étirement du matin, pour mettre en condition - Le pouvoir d’un sol de studio de danse - Les relations, je trouve ça absolument formidable de passer la journée avec vous, de rentrer en relation avec vous tous sans vous connaître ; la notion de perception, changer de perception, être attentif aux choses, ouvrir les écoutilles, ça fait du bien d’être dans ces états-là, et de se dire que ces états-là c’est des états qu’on devrait avoir en permanence, dans la vie de tous les jours - L’écoute, parce que c’était très agréable d’avoir la possibilité d’écouter les autres ; le foisonnement, tellement c’est riche tout ça - Les regards, ce matin je me suis dit que je ne connaissais aucun d’entre vous, que vous étiez vraiment des parfaits inconnus, que je me disais “mais comment tu vas faire pour connaître ces gens-là ? il y en a trop”, et en fait, la journée permet de vous incarner, et vous avez tous une incarnation maintenant à mes yeux, et c’est assez étrange en une journée d’arriver à ça - J’ai été très touché par les témoignages, enfin les cailloux de ce matin ; le côté authentique et l’implication de chacune et de chacun-; Ne pas rebondir c’était très compliqué, mais c’est pas ce que j’ai écrit ; tout est relié, chacun de nous porte un monde en soi, et partir à l’exploration de son monde est passionnant, et se laisser découvrir par les autres l’est tout autant ; sur la notion du temps : perdre la notion du temps (parce que j’avais pas d’heure), prendre le temps, et créer des souvenirs et un esprit de groupe - Impressionnée par la diversité des cailloux, des questions et de la sincérité ; la multiplicité des voix me permet de préciser la mienne ; envie de déplier et de poursuivre l’enquête - Deux notions dont j’ai pris conscience, que j’avais peut-être de façon intuitive : la notion de territoire (très très important, cette notion d’un territoire plus ouvert vers le lointain, qui n’est pas notre petit lopin) ; la vision oligoptique (qui rentre dans le détail et dans l’intime) ; et j’ai beaucoup apprécié nos moments d’échanges, très émouvants, parce qu’il est rare d’avoir des moments aussi authentiques et intimes avec des personnes qu’on ne connaît pas - L’écoute générale et la communication physique, qui change de la communication verbale - La joie, la curiosité, l'enthousiasme de commencer à pratiquer avec vous, et de déplier ; un point saillant : la ligne horizontale de la boussole au-delà de laquelle tout peut basculer -La richesse de chacun et l’authenticité que chacun y mettait ; en même temps, je suis un peu bousculée car pas si évident de trouver ce qui était important pour moi -J’ai été profondément touché par votre sincérité, j’ai vu la boussole vibrer quand vous alliez lire vos questionnaires - la place de la mobilité éveil création corporel vocal dans ce processus d’enquête. 

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